Le Château a rouvert ses portes le 20 mai. Quelles sont les nouveautés que vous aviez réservées aux visiteurs déconfinés ?
Tout était prêt depuis mars, mais le confinement nous a permis de peaufiner les détails. Avant tout, nous avons inauguré un nouvel espace, la salle des Originaux, dans lequel le public peut découvrir une trentaine d’œuvres d’Henri de Toulouse-Lautrec. Mélanie et Amélie Huynh ont écumé les salles de vente et rapporté dessins, lithographies et affiches au Château. Une nouvelle collection très variée ! En outre, nous proposons cet été deux nouvelles visites guidées. L’une est dédiée à Henri de Toulouse-Lautrec, au travers d’une nouvelle scénographie dans ses appartements. La seconde consacrée à la production viticole du château, avec une visite des chais à barriques et des cuviers qui n’avaient jamais été ouverts au public, et pour finir, une dégustation sensorielle.
Comment avez-vous, vous-même, découvert Malromé ?
Enfant, j’accompagnais mes parents dans les musées parisiens, notamment au musée d’Orsay où j’ai découvert les Impressionnistes. Plus tard, je me suis orientée vers des études d’histoire, puis de tourisme et finalement d’histoire de l’art, qui m’ont conduit en stage au domaine de Malagar, où habita l’écrivain François Mauriac et qui fait partie, comme Malromé, des « Maisons des illustres ». Dans la mesure où la fin du XIXème siècle est ma période préférée, pouvoir faire vivre l’œuvre d’Henri de Toulouse-Lautrec me plaît beaucoup !
Qu’appréciez-vous particulièrement chez Henri de Toulouse-Lautrec ?
Ce qui me fascine le plus dans son œuvre, c’est qu’il ait été un tel témoin de son temps. Au travers de ses œuvres, il nous donne un aperçu de la vie quotidienne, à la fin du XIXème siècle. Personne, par exemple, n’a témoigné comme lui de la vie à Montmartre, de l’activité dans les cabarets et même, dans les maisons closes. Henri de Toulouse Lautrec avait une grande ouverture d’esprit, il s’intéressait à tout le monde, ce qui est étonnant pour un aristocrate de son époque et de son rang. Enfin, il avait cette capacité à sublimer ses souffrances physiques dans son art, ce qui représente pour moi une grande capacité de résilience, qui force l’admiration.
Comment cet illustre personnage s’inscrit-il dans l’histoire du Château ?
C’est sa mère, Adèle de Toulouse-Lautrec, qui achète le château en 1883. Elle espère ainsi mettre fin à la vie nomade dans laquelle l’entraîne son mari, Alphonse de Toulouse-Lautrec. Lui ne s’installe pas à Malromé, mais elle y trouve le calme qu’elle souhaite. Henri a alors 19 ans, il vit et travaille à Paris. Cette maison va devenir pour lui un refuge, loin du tumulte de la vie parisienne, surtout l’été et jusqu’à la fin des vendanges. De nombreuses œuvres en témoignent, notamment les portraits qu’il a réalisé de sa mère (elle fut son premier modèle), ses dessins des vendanges, et le portrait de Paul Mathieu, le maître de chais et cocher, réalisé directement sur l’un des murs du château.
Quel est, personnellement, votre endroit préféré, au Château ?
Il y a, dans le parc, une petite gloriette. De là, on distingue la silhouette du Château et les vignes tout autour, qui font partie de son identité. J’aime beaucoup m’arrêter là. Et pour les visiteurs, c’est un excellent point de vue pour faire une photo souvenir !
Bonus: Vous souhaitez vous immerger dans l’univers d’Henri de Toulouse-Lautrec avant votre prochaine visite ? Voici deux ouvrages conseillés par Pauline et disponibles à la boutique :
– Toulouse-Lautrec, par Mathias Arnold (Taschen)
– Dans les pas de Toulouse-Lautrec, par Alain Vircondelet (Edition du Signe)